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Lorsque nous avons décidé de fonder l’ASBL Tatouage Belgique, nous l'avons fait par souci de protection de la profession suite à la crise sanitaire, sociale et économique.
Beaucoup de choses ont changé, chaque semaine nous travaillons pour trouver des solutions et des informations pour comprendre non seulement comment travailler en toute sécurité mais aussi quels sont les défis futurs qui nous attendent dans nos vies quotidiennes.
Je voudrais réfléchir avec vous, chers et lecteurs patients, sur certains points auxquels nous serons confrontés dans notre profession dans un avenir proche. Si vous cherchez des informations sur ce qui va se passer cette semaine, vous pouvez directement arrêter de lire. Cet article ne peut être utile qu'à ceux qui veulent comprendre où nous allons, quelle est la direction générale.
Tout d'abord, ce que nous ne voyons pas, ce que deviendra notre travail, ce n'est pas un hasard. Loin d'embrasser les différentes théories des négationnistes ou des antivax, je suis enclin à des pratiques assoupissantes comme les statistiques, des recherches sociologiques et des analyses économiques dans des articles scientifiques. En effet, je préfère avoir une base solide pour me faire une opinion mais aussi pouvoir rectifier en cas de changement de données, quelles sont les prévisions afin d'avoir une approximation la plus fiable possible.
Je suis d'accord avec les philosophes et les économistes qui disent que ce que nous vivons aujourd'hui, plutôt qu'une crise sanitaire, est une crise sociale plus grave. Le modèle de développement que nous avons depuis les révolutions industrielles est tombé. Les grandes institutions internationales telles que la banque centrale, la banque mondiale, les fondations internationales, les chefs des gouvernements, l'ont déjà clairement indiqué à Davos lors du Forum économique mondial disent-ils directement :
https://www.weforum.org/great-reset/
"LE CONTEXTE
La crise de Covid-19 et les bouleversements politiques, économiques et sociaux qu'elle a provoqués modifient fondamentalement le contexte traditionnel de la prise de décision. Les incohérences, les insuffisances et les contradictions de multiples systèmes - de la santé et des finances à l'énergie et à l'éducation - sont plus exposées que jamais dans un contexte mondial de préoccupation pour les vies, les moyens de subsistance et la planète. Les dirigeants se trouvent à un carrefour historique, gérant les pressions à court terme contre les incertitudes à moyen et long terme. "
Erga omnes
Ainsi, ces dernières années, nous avions déjà noté un certain nombre de changements majeurs dans différents aspects de notre travail. Il suffit de parler à un tatoueur avec vingt ans d'expérience pour réaliser la différence absolue dans la formation, les outils, le public, le marché, les habitudes, la communication etc.
Voyons brièvement les choses que j'ai pu observer en Belgique ces dernières années, ou j'ai travaillé et vécu et que c’est devenu ma nouvelle nation d’amour.
La formation des tatoueurs se déroule désormais en dehors de l'ancienne pratique d'un maître et d'un apprenti. De plus en plus de personnes sont formées à l'hygiène et de plus en plus optent, faute de impossibilités d'apprentissage, pour l'auto-formation.
La majorité des nouveaux tatoueurs travaillent directement avec des tablettes, et avec des machines mais sans connaître leur fonctionnement technique, ni aussi le dessin sans support numérique.
La présence absolue et écrasante des réseaux sociaux a totalement transformé des aspects. Être présent sur un réseau social ça veut dire avoir des clients et aussi présenter de belles œuvres, sans la rougeur donnée par le tatouage frais, des couleurs extrêmement saturées et des noirs foncés comme un trou noir. Les réponses aux clients suivent une logique très complexe, parfois la sincérité qui s'impose à notre travail, refuser des tatouages impossibles ou pires à risque peut facilement conduire à la diffamation ou à l'agression, sans outre les conséquences parce que les réseaux sociaux sont des entreprises privées et que la suppression d'un message implique des poursuites judiciaires et des avocats.
Les scratcheurs qui étaient autrefois marginaux ont actuellement une possibilité énorme de travailler, d'autant plus que nous l'avons vu pendant la pandémie, où ils ont continué à travailler sans trop de peine, se montrant et traînant sous nos yeux étonnés.
L'achat de matériel de mauvaise qualité ou de qualité qui met gravement en péril la santé des clients est devenu un problème qui hante tous les professionnels sérieux. Parce qu'il est impossible de limiter les machines, les aiguilles et les encres qui viennent d'Asie et parce que on n’a pas un rapport direct avec les fournisseurs et le ministère de la sante.
Ce sont des problèmes pratiques communs à toutes les nations européennes, où les tatoues sont désormais à 80 millions, rien qu'en Belgique en 2017, environ 500,000 tatouages.
Je ne vais pas plus loin dans les différences de tout ce qui a changé, car il faudrait des livres et il y a surement des collègues plus âgés et plus expérimentés pour raconter toutes les choses qu'ils voient et considèrent totalement différentes.
Il y a eu des changements très positifs, comme la démocratisation des tatouages, et d'autres négatifs, l'accès à la profession à un grand nombre de personnes mal formées.
Ce n'est pas non plus à moi de louer le passé, dans lequel il y avait une longue série de problèmes et d'avantages, ni de louer le présent dans lequel il y a des choses positives et négatives, mais simplement différentes.
Notre objectif ici reste l'avenir. Que va-t-il se passer et comment. Je peux déjà voir certains éléments significatifs.
Ma première considération est celle de la nécessité d'une communication structurée dans la profession à tous les niveaux, les tatoueurs au niveau national et international, la catégorie avec les fournisseurs de matériel pour travailler et surtout un dialogue avec les institutions de chaque nation et de l'Europe pour comprendre ensemble comment travailler en harmonie.
L'une des informations les plus importantes que les chercheurs en sciences sociales nous ont données ces dernières années, je parle de personnes comme David le Breton, est que le tatouage fait partie de la nature humaine. Je ne parle pas d'un point de vue artistique, économique ou idéaliste, je parle précisément de la propension de notre espèce à interagir avec son corps comme une attitude naturelle. En fait, nous pouvons maintenant affirmer avec une certitude absolue que les hommes primitifs étaient déjà tatoués et procédaient à des modifications corporelles. La fermeté de ces nouvelles informations nous fait comprendre que l'être humain a toujours été tatoué et que personne ne peut interdire aux gens d'interagir avec leur corps. Bref, au-delà des lois possibles, des coutumes sociales, des modes ou autre, le tatouage et le bodmod feront toujours partie de notre vie sociale, dans toutes les nations et cultures.
La leçon a été bien reçue par les institutions européennes qui, comme on peut le voir, ont franchi depuis des années une série de pas vers une réglementation européenne des encres, de l'hygiène, de la formation et bien d'autres aspects que nous ne connaissons pas car nous ne sommes pas une partie active de ce changement.
Je crois sincèrement que la création d'un dialogue constant et responsable est essentielle. Interdire le développement du tatouage et comment forcer la fixation de pratiques dépassées.
L'absence de dialogue est néfaste et délétère car ce changement de paradigme social entraîne des conséquences directes sur notre vie quotidienne dans les shops. L'exemple le plus direct est cette crise sanitaire, où la différence de « formation à l'hygiène » et les fermetures non coordonnées entre les différentes nations ont créé de nombreux problèmes, des pays où elle dure 20h et d'autres où elle dure 600h, des pratiques qui doivent s'harmoniser.
La logique de nous voir comme un métier et non comme une vraie profession prendra fin. Le tatoueur deviendra donc certainement quelque chose de plus officiel et soigneusement suivi par les institutions. Ils uniformiseront les normes de formation, les règles sanitaires, l'accès au matériel, il sera intégré dans les écoles, il y aura un diplôme, et bien plus encore comme la disparition de l'argent liquide et le passeport sanitaire. L'absence d'informations sur ces développements ne signifie pas que tout cela n'est pas déjà en cours, mais seulement que nous n'en avons pas conscience. Les chiffres exorbitants du marché du tatouage, les immenses Conventions de tattoo, les millions de personnes tatouées et la pandémie, sont indéniablement la dernière impulsion au début d'un tournant radical dans lequel nous n'avons que deux options, participer ou les subir. Personne n'est obligé d'agir, chacun doit suivre l'esprit qui le sous-tend selon sa conscience la plus intime.
Alors, quel sera le tatouage dans dix ans ? Quelque chose d'extrêmement différent, j'en suis sûr. J'espère juste que nous aurons le courage, le calme et la clairvoyance de participer de manière constructive à l'avenir de notre art en comprennent que toute mutation génère une friction, comme deux plaques tectoniques qui font trembler la terre, et c’est après qu'un nouveau cycle commence.
Prenez tout cela comme une analyse avec des approximations, mais si un seul des points vous intéressait, mon objectif a abouti. Réfléchir pour mieux travailler à quelque chose de beaucoup plus grand et plus vieux de nous tous.
Necessitate cogente
Bruno Menei
President ASBL Tatouage Belgique
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EN
When we decided to found the Associations Tatouage Belgique we did it for the protection of the profession,a reaction the health, social and economic crisis.
A lot has changed, every week we are working to find solutions and information to understand not only how to work safely but also what are the future challenges that lie ahead in our daily lives.
I would like to reflect with you, dear and patient readers, on some points that we will face in our profession in the near future. If you are looking for information on what is going to happen this week, you can directly stop reading. This article may only be of use to those who want to try to understand where we are going, what is the general direction.
First of all, what we don't see, what will become of our work, it is no an accident. Far from embracing the different theories of deniers or antivaxers, I'm inclined to sleepy practices such as statistics, sociological research and economic analysis in scientific articles. Indeed, I prefer to have a solid base to form an opinion but also to be able to correct in case of change of data, what are the forecasts in order to have the most reliable approximation possible.
I agree with the philosophers and economists who say that what we are experiencing today, rather than a health crisis, is a more serious social crisis. The development model that we have had since the industrial revolutions has fallen. Major international institutions such as the central bank, the world bank, international foundations, heads of government, have already made this clear in Davos during the World Economic Forum, they say directly:
https://www.weforum.org/great-reset/
THE CONTEXT
"The Covid-19 crisis, and the political, economic and social disruptions it has caused, is fundamentally changing the traditional context for decision-making. The inconsistencies, inadequacies and contradictions of multiple systems –from health and financial to energy and education – are more exposed than ever amidst a global context of concern for lives, livelihoods and the planet. Leaders find themselves at a historic crossroads, managing short-term pressures against medium- and long-term uncertainties."
Erga omnes
Thus, in recent years we had already noted a number of major changes in various aspects of our work. You only need to talk to a tattooist with twenty years of experience to realize the absolute difference in training, tools, audience, market, habits, communication etc.
Let’s take a brief look at the things that I have observed in Belgium in recent years, where I have worked and lived and where it has become my new home of heart.
The training of tattoo artists now takes place outside the old practice of a master and an apprentice. More and more people are trained in hygiene opting, for lack of learning possibilities, for self-training.
The majority of new tattoo artists work directly with tablets, and with machines but without knowing their technical operation, nor also they don't drawing without digital support.
The absolute and overwhelming presence of social networks has totally transformed a lot of aspects. Being present on a social network means having customers and also presenting beautiful works, without the redness given by the fresh tattoo, extremely unreals saturated colors and dark blacks like a black hole. Responses to clients follow a very complex logic, sometimes to be honest, refusing impossible or worse tattoos at risk, can easily lead to defamation or aggression, without further consequences because social networks are private companies and that deleting a post involves legal action and lawyers adn too much time.
"Scratchers" ( illegals workers ) who were once marginal, now have a huge opportunity to work, especially since we saw this during the pandemic, where they continued to work without too much trouble, showing up and dragging out before our astonished eyes.
The purchase of shoddy or high-quality material that seriously endangers the health of customers has become a problem that haunts all serious professionals. Because it's impossible to limit the machines, needles and inks that come from Asia and because we do not have a direct relationship with the suppliers and the ministry of health.
These are practical problems common to all European nations, where tattoooed are now 80 million, in Belgium only in 2017, around 500,000 tattoos.
I won't go any further into the differences of everything that has changed, as it would take books and surely there are older, more experienced colleagues to recount all the things they see and consider to be totally different.
There have been some very positive changes, such as the democratization of tattoos, and other negative ones, access to the profession for a large number of poorly trained people.
Neither is it for me to praise the past, in which there was a long series of problems and advantages, nor to praise the present, in which there are positive and negative things. All is just different.
Our goal here remains the future. What will happen and how. I can already see some significant elements.
My first consideration is that of the need is a structured communication in the profession at all levels, tattoo artists at national and international level, our category with suppliers of material to work and above all, a dialogue with the institutions of each nation and also with Europe to understand together how to work in harmony.
One of the most important pieces of information that social scientists have given us in recent years, I'm talking about people like David le Breton, is that tattooing is part of human nature. I'm not speaking from an artistic, economic or idealistic point of view, I'm speaking specifically of the propensity of our species to interact with its body as a natural attitude. In fact, we can now say with absolute certainty that primitive men were already tattooed and were doing body modifications. The firmness of this new information makes us understand that the human being has always been tattooed and that no one can forbid people to interact with their body. In short, beyond possible laws, social customs, fashions or otherwise, tattooing and bodmod will always be part of our social life, in all nations and cultures.
The lesson was well received by the European institutions which, as we can see, have taken for years a series of steps towards a European regulation of inks, hygiene, training and many other aspects that we do not know because we are not an active part of this change.
I sincerely believe that the creation of a constant and responsible dialogue is essential. Prohibit the development of tattooing is impossible like to force the fixation of outdated practices.
The absence of dialogue is harmful and deleterious because this change of social paradigm has direct consequences on our daily life in the shops. The most direct example is this health crisis, where the difference in “hygiene training” and the uncoordinated closures between different nations have created many problems, some countries where it lasts 20 hours and others where it lasts. 600h, practices which must harmonize.
The logic of seeing ourselves as a "craft" and not as a real profession will end. The tattoo artist will therefore certainly become something more official and carefully followed by the institutions. They will standardize training and learning, health rules, access to equipment, it will be integrated into schools, there will be a diploma, and much more such as the disappearance of cash and the health passport. The lack of information on these developments does not mean that all of this is not already underway, only that we are not aware of it. The tattoo market's sky-high numbers, huge Tattoo Conventions, millions of people tattooed and the pandemic, are undeniably, and they are the latest impetus at the start of a radical turning point, in which we have only two options, participate or suffer them. Nobody is obliged to act, each one must follow the spirit which underlies it according to his most intimate conscience.
So, what will the tattoo be in ten years? Something extremely different, I'm sure. I just hope we have the courage, calm and foresight to participate constructively in the future of our art by understanding that any mutation generates friction, like two tectonic plates that make the earth tremble, and that is after a new cycle begins.
Take all of this as an analysis with approximations and imput, but if you were interested in just one of the points my goal was successful. We need to think better and different to work on something much bigger and older than all of us.
Necessitate cogente
Bruno Menei
Chairman of Tatouage Belgique ASBL
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