Nous, les tatoueurs, ne sommes pas en colère car je refuse d'être associé à une étymologie qui va de la peste au choléra, pour arriver à la colère car ce serait faux et réducteur.
Quinze longues années se sont écoulées depuis la loi de 2005 qui réglemente notre métier, une période pendant laquelle le monde a beaucoup changé. L'importance de maintenir une loi à jour, lorsque cela est nécessaire, réside dans notre propre système social. La théorie pense que entre notre société et l'État il y a un accord par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant une société ou on peut vivre mieux.
Par conséquent, l'acceptation tacite dans cette relation de confiance, entre les institutions et le peuple, est une relation d'interdépendance. Quand cette confiance échoue, nous qui représentons une association culturelle, nous nous trouvons obligés de défendre l'idée qu'une loi est une chose juste, précisément parce qu'elle a échoué dans sa nature, celle d'être la référence qui règle ce qui peut être fait ou pas.
Nous comprenons le sentiment de difficulté qui doit traverser toutes les catégories sociales, tous les travailleurs, même les politiciens, mais nous devons rester fermes sur le rôle que chacun a choisi d'exercer.
Être en colère, c'est perdre la tête et se laisser emporter par ce sentiment de rage, comme si la nouvelle était une surprise, maintenant le problème lié à notre métier est une maladie qui s'est développée au fil des années de métastases, pas en quelques mois suite au virus. La pandémie n'a fait qu'exacerber certains aspects d'un mal plus profond inhérent à un système qui a une série de lacunes qui se sont accumulées au fil des années et dont, il serait inutile dans ce texte, de retracer la phylogénie.
Avec le calme de ceux qui observent et analysent, nous avons recueilli une longue série de témoignages, de constatations, d'analyses et de données qui nous amènent à affirmer que la loi est simplement dépassée.
La démocratisation du tatouage est une preuve indéniable et une énorme contribution financière à l'économie. 500000 tatouages en 2017 selon les chiffres officiels, c'est beaucoup trop pour être réglementé par une loi qui ne prévoit pas de formation adaptée, un système de contrôle spécialisé sur le territoire et surtout une protection valable des consommateurs. Car en pratique, en un mot, lorsque vous entrez dans une boutique, actuellement vous ne pouvez pas facilement savoir qui est un professionnel reconnu par l’État et qui ne l'est pas. Les contrôles du SPF santé publique et du SPF Finances ne sont pas croisés, en pratique vous pouvez être devant quelqu'un qui a le certificat d'hygiène mais pas de numéro de TVA et vice versa.
Internet est un sujet totalement ignoré dans l'article de loi. Par conséquent, l'achat de matériel peut être effectué par n'importe qui, générant un trafic de matériel de mauvaise qualité avec profits et risques exorbitants. En plus de la présence de réseaux sociaux qui, même dans les tatouages, sont une source d'énormes problèmes, allant de la publicité pour les tatoueurs illégaux, les personnes qui travaillent sans autorisation, à celles qui rivalisent injustement en profitant de l'absence de lois égales en Europe. Sur ce point, je me réfère à l'enquête intitulée «Modification corporelle: des blocs opératoires clandestins en Belgique» du numéro «On n'est pas des pigeons! Ce qui illustre rapidement, mais suffisamment bien, comment le marché européen des modifications corporelles profite de notre nation pour gagner de l'argent en mettant la santé de la population en grand danger. Opérations chirurgicales pour lesquelles la loi belge prévoit des peines de prison également pour les médecins non-licenciés, on imagine que pour ceux qui n'ont aucune qualification, il y a une peine plus lourde et une amende de plusieurs milliers d'euros.
Ce qui se passe dans la pandémie est plus simple à expliquer comme cela. En 7 mois de tentatives de prise de contact avec l’État, apportant des références concrètes de ce que nous affirmons, et ce qu'affirment surtout les journalistes belges qui publient régulièrement des articles sur le sujet, notre Association n'a trouvé que l'écoute du SPF Finances qui procède selon les moyens à leur disposition que nous souhaiterions être renforcés, compte tenu de l'énorme quantité de tatoueurs illégaux sur les réseaux sociaux et de matériel de tatouage d'origine douteuse qui provient principalement de Chine. Nous savons quelles machines, encres et aiguilles sont en circulation, nous pouvons aider les autorités à comprendre ce qui se passe.
Nous demandons un véritable interlocuteur, quelqu'un qui nous aidera à faire reconnaître une profession déjà reconnue par la population. Quelqu'un qui a le sens de l'économie, de l'intérêt de protéger la santé publique et de contribuer à restaurer un sentiment de confiance qui s'est estompé au fil des ans.
Parce que jusqu'à présent nous avons toujours tout accepter, et en effet nous souhaitons encore plus de contrôles, mais où sont les contrôles des tatoueurs clandestins?
«68% des salons de tatouage contrôlés en 2017 ont reçu un avertissement. "(Dhnet.be Laura Cerrada-Crespo - Publié le 28-08-18)
Pourquoi ne parle-t-on pas des chiffres de ceux qui travaillent totalement illégalement ?
Combien y en a-t-il et pourquoi le SPF Santé Publique ne répond-il pas à nous qui voyons toujours les mêmes personnes le faire en public depuis 7 mois?
Les contrôleurs ne suffisent-ils pas ou la forme de contrôle ne convient-elle pas?
Ce sont des questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre. Nous savons seulement qu'il est impossible qu'une loi de 2005 soit adaptée en 2020 et que nous sommes ici pour proposer une participation active et consciente dans l'intérêt de tous, des consommateurs, des travailleurs et de l’État. Car nous avons constatés que rien qu'en Europe il y a 60 millions de tatoués en 2017, pour un secteur en croissance exponentielle.
La santé et l'économie sont au centre de tous les intérêts de la pandémie, nous sommes au centre de l'intersection de ces chemins. Vos enfants, cousins, amis sinon vous-même, vous êtes tatoués ou avez des piercings, ça c'est notre métier.
Nous sommes déterminés à poursuivre notre passion, car notre métier est en contact étroit avec les gens, avec des histoires humaines, avec des sentiments. Parce qu'on se fait tatouer pour célébrer la naissance d'un enfant, la mort d'un parent, pour une série de raisons qui sont les mêmes depuis la nuit des temps. Le tatouage, loin d'être une mode, est répandu sur toute la planète et même dans la préhistoire. En attendant des temps meilleur...
"Dura lex sed lex "
Bruno Menei
Président Asbl Tatouage Belgique
P/s
Merci à Stephanie pour l'aide grammatical -
Links de référence...
https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/cameras-cachees/detail_modification-corporelle-des-blocs-operatoires-clandestins-en-belgique?id=10077622
https://www.agi.it/data-journalism/rischi_tatuagggi_controindicazioni_medici-2200288/news/2017-09-30/
https://syndicat-national-des-artistes-tatoueurs.assoconnect.com/articles/31334-norme-europeenne-quelles-consequences-sur-les-activites-de-tatouage
https://www.dhnet.be/actu/societe/7-salons-de-tatouage-sur-10-en-infraction-5b8419da5532f06fc892f308
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